Dans les Alpes, il existe des cols routiers mythiques, gravis tous les ans par les cyclistes amateurs comme professionnels. Pour nos vacances d’été, nous avons chacun choisi de pratiquer nos sports favoris : le vélo route pour Monsieur et la course à pied pour moi. C’est donc tout naturellement que, pendant que Monsieur le gravissait sur son fidèle destrier, je m’attaquais au col de la Croix-de-Fer en courant et par la route. Petit récit.
Si vous ne souhaitez pas tout lire, voici un sommaire :
On y va !
Jusqu’à Saint-Sorlin-d’Arves
Les choses sérieuses commencent
Un vrai col alpin
Serrons un peu les dents
La récompense au sommet
Redescendre
Récapitulatif
Et si vous ne voulez (vraiment) pas tout lire, il y a aussi une vidéo
Situé en Savoie, perché à 2065 m d’altitude sur la commune de Saint-Sorlin-d’Arves, le col de la Croix-de-Fer est un grand classique des courses cyclistes, à commencer par le Tour de France au sein duquel il est classé hors catégorie. Il était autrefois desservi par un chemin muletier, reliant notamment Saint-Jean-de-Maurienne à Bourg-d’Oisan, transformé en route au début du siècle dernier. Quel que soit le versant par lequel on l’aborde, il comporte plusieurs difficultés. Mon cycliste et moi-même le gravirons du côté de Saint-Jean-de-Maurienne : il part pour une montée de 29 km à 6,5 % de moyenne, avec des passages pouvant aller jusqu’à 12 ou 13 %. Je pars pour une ascension de 9,8 km depuis Saint-Jean d’Arves, comprenant un segment référence de 5,2 km à 8 % de moyenne, dans les lacets finaux du col. Et bien sûr, il y aura la descente, que je sais toujours plus traumatisante – expérience du trail oblige.
Total climbing: 750 m
Total descent: -752 m
Total time: 02:24:42
On y va !
Chacun a donc repéré son itinéraire à l’avance : nous y allons et je dépose mon cycliste à quelques kilomètres de son point de départ qu’il gagne en descendant. Il me faut quant à moi remonter jusqu’à Saint-Jean-d’Arves : la route, ses pentes et ses lacets me confirment que j’ai vraiment eu une bonne idée de ne pas apporter mon vélo. Avec un entraînement quasi nul en dénivelé, cela aurait été très (très) difficile pour moi. En revanche, je sens que cela chauffe sous les baskets !
J’arrive au départ des pistes de ski de Saint-Jean-d’Arves. Il n’est pas tout à fait 10 heures et il m’a fallu 40 minutes de route pour parvenir jusque-là. Le temps est au beau fixe, et les températures bien plus clémentes que dans la vallée (et le reste du pays) où un petit épisode caniculaire sévit. Après un léger échauffement, je pars : de 1574 m d’altitude, je vais devoir grimper à 2065 m en courant. J’ai choisi d’effectuer cette ascension par la route et non par les chemins et sentiers qu’il est aussi possible de suivre : un petit hommage au vélo et un effort quelque peu différent du trail (qui a occupé le reste des vacances).
Jusqu’à Saint-Sorlin-d’Arves
Je m’élève d’une vingtaine de mètres dans Saint-Jean, avant de redescendre à 1500 mètres d’altitude à la sortie du village, par un petit chemin. Comme j’emprunterai des chemins à trois reprises, j’ai choisi de chausser des chaussures de trail très légères et souples, avec peu de crampons (les Evadict TR, pour ne pas les citer). Je reprends ensuite la route à partir du 2e kilomètre et elle commence tout doucement à monter. J’arrive au village de Saint-Sorlin, encore plus touristique que Saint-Jean.
La montée est de plus en plus raide et arrive le passage tant redouté des cyclistes : la sortie de Saint-Sorlin. Je peux vous dire que même en courant, on la sent passer : ma fréquence cardiaque, qui s’est élevée progressivement de l’endurance fondamentale à l’endurance active, arrive en résistance dure… et ne redescendra pas jusqu’au sommet. Avec des passages moyens compris entre 8,5 et 10,5 % (donc, plus élevés ponctuellement), elle laisse généralement des traces sur les amateurs de la petite reine. Je me répète encore que j’ai bien fait de ne pas prendre mon vélo…
Les choses sérieuses commencent
Jusqu’à la sortie de Saint-Sorlin, j’ai maintenu un rythme modéré : je compte courir les 5 derniers kilomètres au train, sans toutefois me mettre dans le rouge. Je veille donc à rester autour de 170-173 battements par minute, histoire de tenir sur la durée et de ne pas être trop fatiguée pour le reste des vacances. Une bonne séance au seuil, donc. Habituellement, je n’ai pas autant les yeux rivés sur le cardiofréquencemètre, mais dans ce cas précis, il m’a bien aidée à respecter mon objectif, vraiment sur le fil.
Une fois passés les deux premiers virages, je m’habitue à l’allure de course (elle restera autour de 7:12 sur ces 5 kilomètres, pour ceux à qui cela parle) et je commence à profiter du paysage : les points de vue sur les sommets alentours et la haute vallée de l’Arvan se succèdent au fur et à mesure que l’on serpente sur la montagne. Le parcours, désormais complètement dégagé, permet d’anticiper les prochains lacets. Mais aussi d’observer le spectacle sur la route qui, lui aussi, vaut le détour.
Un vrai col alpin
Nous sommes samedi ; il fait beau. Et nous ne nous sommes pas du tout informés de l’actualité locale. Aussi, en commençant l’ascension en voiture, je croise les premiers concurrents d’une course cycliste (sans doute une cyclotouriste, puisque la route n’est pas fermée) et les motos qui les accompagnent. J’en rencontre encore d’autres en courant – mais ils sont beaucoup moins téméraires en descente. Outre les automobilistes qui montent au col pour admirer la vue ou partir faire des balades (ils ne sont néanmoins pas si nombreux que cela) et les cyclistes qui redescendent (aucun ne me double, à croire que je suis dans un « creux » entre deux ascensions cyclistes), je croise ou suis doublée par des motards (dont certains sont équipés de GoPro sur le casque), des personnes en vélo électrique, des voitures de collection, une succession de Porsche, une Vespa… et un défilé de Jeep de toutes époques !
Ajoutez à cela les marquages sur la route, les petites bornes qui vous indiquent où vous en êtes, les encouragements que je reçois de temps en temps (jusqu’à des félicitations à l’arrivée au sommet), quelques regards étonnés (qui est assez fou pour monter par la route en courant alors qu’il y a de si jolis sentiers ?)… et voilà, vous y êtes : je profite d’une belle ambiance sur cette montée du col de la Croix-de-Fer improvisée.
Serrons (un peu) les dents
Après une pente un petit peu moins prononcée entre les virages 3 et 5, on grimpe à nouveau à peu plus pendant un bon kilomètre. Cela commence à tirer. « Rester en-dessous de 173, rester en dessous de 173… ». Même si j’ai une indication sur le kilométrage, je ne « vois » pas où j’en suis, car le haut du col est tout simplement caché. Il faut donc essayer de rester sur le fil, en maintenant une allure soutenue, mais sans se faire trop mal, sans se cramer.
Le col approche. En tout cas d’après les bornes kilométriques, car je ne le vois toujours pas. Le dernier kilomètre est un peu moins pentu, mais il faut maintenir ma vitesse. Au détour d’un virage, j’aperçois l’arrivée… et la rejoins presque aussitôt. Voilà, c’est terminé, même pas de sprint final, je suis arrivée sans m’en rendre compte. Ç’en est presque étrange.
La récompense au sommet
Une fois arrivée au sommet, j’en profite d’abord pour… respirer. Puis, je vais voir cette fameuse croix de fer (quand même) et la vue sur l’autre vallée, côté Isère. Puis, je me rapproche du panneau routier, devant lequel il faut presque faire la queue pour se prendre en photo, entre deux cyclistes qui viennent de terminer leur propre ascension.
Je tourne un peu pour repérer les parages – j’ai l’intention d’y revenir faire du trail – et je me demande où en est Pierrick. C’est à peu près lorsque je commence à m’interroger sur la descente (par la route ou en coupant par les sentiers ?), que je le vois arriver à bon rythme en haut du col. Il m’avait annoncé une montée en trois heures… il en a mis à peine plus de deux ! Une jolie surprise donc. Passé ce moment, je décide de redescendre pour qu’il ne m’attende pas trop à la voiture.
Redescendre
J’opte finalement pour un sentier dans la première moitié de la descente. Après une montée sur route, c’est rude ! Les chaussures tiennent plutôt bien, même si je ne les ai pas assez serrées pour aller sur les sentiers : je reprends la route dès que je peux. Dès lors, je déroule même si les cuisses apprécient de moins en moins l’exercice. À Saint-Sorlin, un groupe de cyclistes croisés en haut du col me double : « alors, il faut pas une heure pour redescendre ? ». Ils étaient pourtant sceptiques au sommet !
Après le village, je retrouve mon chemin vers Saint-Jean-d’Arves, cette fois-ci en montée : il passe beaucoup moins facilement, vous l’aurez deviné. Une fois ces 500 mètres désagréables terminés, je cours quelques dizaines de mètres et me voilà arrivée. La descente aura duré 52 minutes.
Récapitulatif
Un peu moins de deux heures pour boucler l’aller-retour (avec un passage sur sentier qui m’a bien ralentie en descente), c’est assez appréciable, sans oublier le petit bonus : deux QOM dont celui de la montée du col. Je prends.
Même si vous n’êtes pas fan de course sur route, la montée du col de la Croix-de-Fer est très plaisante : on ne voit tout simplement pas le temps passer. J’avais peur de gêner un peu les cyclistes ou les automobilistes, mais pas du tout. Déjà parce que, dans certains passages, j’allais au moins aussi vite que certains cyclistes – en tout cas, les cyclistes comme moi… – et ensuite parce que les automobilistes étaient globalement assez respectueux des vélos (et donc, de la piétonne au milieu). Je ne peux pas parler pour les jours de grande affluence, mais ce jour-là, c’était tout à fait jouable.
En un mot : foncez !
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